La méditation de pleine conscience (bien que cette traduction française ne reflète que partiellement le terme anglais de Mindfulness et certains préfèrent celle de pleine présence) telle qu’on la connait dans les pays occidentaux, se nomme aussi MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction).
Elle vise à réduire le stress par une attention au moment présent.
Jon Kabat-Zinn, Dr en biologie moléculaire, a mis au point en 1979 cette pratique tirée de la méditation bouddhiste, afin de l’adapter à nos styles de vie occidentaux. Pour lui, la méditation est une attention délibérée et sans jugement et principalement focalisée sur le souffle et les perceptions corporelles (scan corporel) qui permettent de réduire les états anxieux. Les méditations peuvent se pratiquer sur une chaise ou allongé.e sur un matelas, ce qui peut être très aidant quand on n’est pas habitué.e à la position du lotus.
Ça a l’air simple, dit comme cela, mais c’est tout un défi, croyez-moi. Attention délibérée, soit…mais soutenue et constante, cela relève du vœu pieu. Essayez de vous concentrer sur votre respiration quelques instants et voyez ce qui arrive. Des pensées surgissent, ou des inconforts physiques, au bout de quelques minutes d’immobilité. Et c’est là que le jugement fait son apparition (je ne suis pas bon.ne, incapable de me concentrer, etc).
Voilà les défis auxquels j’ai été confrontée, comme nombre de participant.es à cette retraite. Bien que pratiquant la méditation quotidiennement depuis presque deux ans, je n’en avais jamais fait 4 heures par jour, en plus des 2 heures de yoga (car la MBSR combine exercices de yoga en conscience à des méditations). J’ai bien cru déjouer mon mental en inventant un autre ancrage que ceux proposés par la MBSR (le souffle et le scan corporel) afin de rester concentrée. Cela marchait plutôt bien et j’étais capable de faire taire mes pensées plus longtemps. En parlant à notre enseignante, j’ai été surprise (et déçue, je l’avoue) d’apprendre qu’en fait, on médite véritablement, non pas quand on reste concentré.e, mais précisément lorsqu’on fait ces allers-retours entre les pensées et le focus. C’est cet exercice incessant qui est l’essence de la MBSR. Et moi qui pensais faire breveter ma méthode révolutionnaire !
Grâce aux neurosciences et aux méditants expérimentés qui ont prêté leur cerveau aux chercheurs, on sait à présent que la méditation peut modifier notre patrimoine génétique, nos circuits neuronaux (c’est la neuroplasticité), nos émotions, notre système hormonal et vasculaire.
Une notion fondamentale selon moi dans la gestion du stress et de nos émotions, c’est le fait qu’une pratique régulière permet, lorsqu’un stresseur survient, non pas de réagir, mais de répondre. Ce qui fait la différence entre la réaction et la réponse, c’est le temps que nous prenons à ressentir, dans notre corps et non dans nos pensées, l’impact de la situation. En méditant régulièrement, nous pouvons modifier les chemins neuronaux qui induisent nos réactions habituelles. Nous sommes en mesure de répondre de manière plus adaptée et à relativiser tout en assumant la responsabilité (sans jugement) de la façon dont nous sommes affectés.
La méditation, que ce soit la MBSR, la méditation transcendantale, bouddhiste, zen et j’en oublie, n’est certes pas un remède miracle contre le stress. Comme tous les apprentissages, elle se fait au prix d’efforts et de persévérance. « Changez votre vie en sept jours grâce à la méditation » serait une promesse fallacieuse.
Mais 5 jours de retraite, c’est un début, un premier pas sur le chemin qui mène à un meilleur équilibre et à une vie plus heureuse. En tout cas, c’est le chemin que j’ai décidé de suivre.
Il y a tant à dire sur la méditation et pourtant, c’est en l’expérimentant qu’on peut la connaitre. Grace à des personnes comme Jon Kabat-Zinn, elle est à présent accessible à toutes et à tous.